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Jean-François CARTEAUX

Gouhenans, 1751 - Paris, 1813


Une vie de bâton de chaise au service de la peinture, de la guerre… et de la filouterie. Jean-François Carteaux naît à Gouhenans (Haute-Saône) le 31 janvier 1751 et meurt à Paris le 12 avril 1813.


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Fils de Nicolas Carteaux, dragon du régiment de Thianges, il fut probablement enfant de troupe jusqu'au moment où son père, admis aux Invalides, le conduisit à Paris. Il y prit le goût de la peinture et devint élève de Doyen. Le 24 avril 1777, le marquis de Béranger écrivit à M. d'Angiviller pour lui demander de soumettre le talent de Carteaux à l'examen des peintres Pierre et Cochin dans le but de le présenter à l'Académie.

Portrait de Jean-François Carteaux
Portrait de Jean-François Carteaux

Le 6 mai suivant, M. d'Angiviller répondit qu'il avait ordonné cet examen, tout en laissant à l'Académie le droit d'admettre Carteaux ou de lui donner des conseils. Le 10 septembre 1778, le Journal de Paris publiait une lettre de M. P***, pensionnaire du Roi, aux auteurs du journal, lettre qui protestait contre l'opinion émise par M. de La Blancherie, dans le même journal, à la date du 31 août de la même année, sur un émail de Miroglio, unique en son genre, vu sa grandeur qui était de 8 pouces de long sur 6 de large. En effet, à la date de 1777, le Journal de Paris avait annoncé l'exécution d'un autre émail représentant Louis XVI à cheval de 18 pouces de hauteur sur 15 1/2 de largeur, « morceau placé dans le cabinet intérieur de Sa Majesté parmi les choses rares et qui a mérité à M. Carteau, son auteur, les plus grands éloges. M. de Fontanieu, dans son ouvrage intitulé : l'Art d'imiter les pierres précieuses, rend plus de justice à cet artiste intéressant Â». L'auteur ajoutait : « Je sais que dans ce moment il est occupé de l'exécution d'une pièce en émail toute autre encore pour les dimensions et dont le sujet ne peut manquer d'assurer à M. Carteau la véritable prééminance qui lui est due dans son art ». Le 23 avril 1780, une lettre du duc de Fronsac signalait que ce grand émail avait été présenté au Roi et à la Reine, qu'il avait obtenu un grand succès à la cour, mais que l'artiste se trouvait sans ressources pour l'achever. Un placet de Carteaux au Roi accompagnait cette lettre et observait que ledit émail était l'ouvrage de deux ans. Le 10 décembre 1781, le sieur Lenoir écrivait au duc d'Estissac pour se porter garant des talents et de l'activité de Carteaux. À l'appui de cette lettre, le duc d'Estissac joignit une nouvelle recommandation à l'adresse de M. d'Augiviller, en date du 30 décembre 1781. Le 4 janvier suivant, une note de Montuela renseignait M. d'Angiviller sur le compte de «M. Carteaux, peintre en émail, qui a, dit-il, entrepris un immense ouvrage de ce genre pour le Roi et qui sollicitait des secours pour l'achever ; sur quoi M. le comte a répondu dans le temps qu'il ne le pouvait point ». La réponse de M. d'Angiviller, en date du 14 mars suivant, n'est pas connue. Le 28 décembre 1781, l'artiste avait emprunté 2556 l. à M. de Gassonville, officier des gardes de Mgr le Comte d'Artois, pour terminer deux tableaux : un Accouchement de la Reine et un autre dont le sujet n'est pas indiqué dans la plainte que déposa le créancier, quand il apprit trois mois plus tard, la fuite de Carteaux avec une musicienne pour laquelle l'artiste avait abandonné sa femme légitime qu'il laissait dans la misère. Le signalement de Carteaux fut alors envoyé en Russie où on ne le trouva pas. En effet, il avait d'abord séjourné à Dresde et n'arriva en Russie, sous un faux nom, qu'en octobre 1782. Reconnu à Saint-Pétersbourg et mandé chez l'ambassadeur, Carteaux sollicita l'autorisation de retourner en France, mais il dut désintéresser d'abord son créancier. Le 15 août suivant, dans une lettre qu'il signait « Carteaux, peintre du Roy Â», l'artiste promit à l'ambassadeur de payer ses dettes en janvier 1783, promesse qu'il ne tint pas. Le 30 mars 1785, il avait quitté Saint-Pétersbourg pour Varsovie où il exécuta des tableaux pour le prince Alexandre de Varsovie (1300 à 1400 roubles). Payé par une lettre de change qui fut protestée quand il l'eut adressée à M. de Gassonville, Carteaux vécut à Varsovie jusqu'au 10 avril 1787, date à laquelle il se rendit à Berlin où il exécuta un portrait de Frédéric II. Il parvint enfin à rentrer en France où il continua à peindre jusqu'en 1793. De cette période date un portrait de Louis XVI en monarque constitutionnel, signé : Carteaux; peintre du Roi, officier de la cavalerie parisienne, 1791 (musée de Versailles).

Portrait de Jean-François Carteaux
Portrait de Jean-François Carteaux

D'après une note des Affiches, annonces et avis divers, Carteaux avait déjà exécuté un portrait du Général marquis de La Fayette qu'il présenta à la ville de Paris en 1790, en se qualifiant « peintre, membre de plusieurs académies, ancien aide-de-camp du Marquis de la Fayette et lieutenant de la Cavalerie Nationale Â». Il prit ensuite une part active à la journée du 10 août et fut nommé général à l'Armée des Alpes. Le siège de Toulon révéla son incapacité, mais lui fit connaître Bonaparte. Passé à l'Armée d'Italie, comme général en chef, il fut arrêté après de nombreuses défaites et conduit à la Conciergerie. Bientôt libéré, il prit un commandement dans l'Armée de l'Ouest. Après le 18 brumaire, il remplit les fonctions d'administrateur de la loterie nationale, puis celles d'administrateur civil et commandant de la principauté de Piombino. Retraité le 8 août 1810 il continua à toucher la pension de 3000 fr. que lui servait l'Empereur depuis 1805. Il n'abandonna jamais la peinture, ainsi qu'en témoigne la lettre suivante : « Au Quartier Général à Paris ce 7 thermidor 5° année républicaine. Carteaux, général divisionnaire, commandant dans la 17° division [Armée de l'Intérieur] au général de division Dupont. D'après la .promesse que vous m'avés faites, général, je comptois toucher les premiers débourcés que j'ai fait pour le tableau de la Bataille d'Arcole, je vous engage a vouloir bien faire terminner cette affaire le plus promptement possible, vous m'obligerai infiniment. Salut et fraternité. Carteaux Â».

In : Dictionnaire des Artistes et Ouvriers d'Art de la Franche-Comté
Abbé Paul Brune, 1912




Le commandant de siège, Carteaux, était assez bon homme pour un sans-culotte, mais ignare. Il avait été dragon et quelque chose comme gendarme. Il avait aussi fait de la peinture. Son esprit était borné, ses connaissances militaires à peu près nulles. Il ne comprit pas quand Bonaparte, montrant la pointe de l'Eguillette, dit que Toulon était là et il déclara que ce blanc-bec n'était pas ferré sur la géographie. Pendant plus d'un mois, Carteaux mit obstacle au plan du jeune officier. Les commissaires Saliceti et Gasparin comprirent, eux, que c'était pourtant le capitaine qui avait raison. Ils obtinrent du Comité de salut public le remplacement de Carteaux, non sans avoir signalé "Buona Parte, le seul capitaine d'artillerie qui soit en état de concevoir ces opérations".

In : Napoléon
Jacques Bainville, 1931




Jean-François Carteaux, né à Gouhenans dans la Haute-Saône, le 31 janvier 1751, mort à Paris le 12 avril 1813, est un général français de la Révolution et de l’Empire.
Fils d'un dragon au régiment de Thianges, il est élevé dans les garnisons et suit son père à l'Hôtel des Invalides où il reçoit une éducation en rapport avec sa position. Le peintre Gabriel-François Doyen, ayant remarqué dans le jeune Carteaux des dispositions pour le dessin, le prend sous sa protection et lui fait faire d'assez rapides progrès.
Cependant son goût dominant pour la carrière des armes le fait servir quelques années dans plusieurs régiments. Il revient plus tard reprendre la palette et les pinceaux, fait plusieurs tableaux d'histoire et de batailles qui sont remarqués, et parcourt ensuite plusieurs contrées de l'Europe.

Jean-François Carteaux
Portrait d'homme attribué à Jean-François Carteaux

Rentré en France à l'époque de la Révolution française, il en embrasse les principes avec ardeur, et devient en juillet 1789, aide de camp du général commandant la place de Paris. Il n'abandonne pas pour autant son activité artistique et réalise un portrait équestre de Louis XVI en 1791.
Nommé lieutenant dans la garde nationale parisienne, il se distingue dans la journée du 10 août 1792, obtient d'abord le grade d'adjudant-général, et devient ensuite commandant d'une division de l'armée des Alpes.
Général Jean-François Carteaux, vainqueur des fédéralistes et des royalistes en Provence, envoyé contre les insurgés du Midi, il les bat à Pont-Saint-Esprit le 13 juillet 1793, entre à Avignon le 25, bat à nouveau les royalistes à Cadenet et les force à se disperser. Le 25 août, Marseille lui ouvre ses portes.
Désigné par la Convention pour diriger l'armée de siège de Toulon en 1793. Il installe son quartier général dans la bastide de Montauban, à Ollioules, dont la vue domine la rade de Toulon. Son chef de l'artillerie, le lieutenant-colonel Elzéar-Auguste Cousin de Dommartin ayant été blessé en septembre 1793, celui-ci est remplacé par le jeune capitaine Napoléon Bonaparte que Carteaux n'apprécie guère et qui pourtant aura un rôle décisif dans la prise de la ville.
Il quitte ce commandement pour passer successivement à ceux de l'armée d'Italie et de l'armée des Alpes. Arrêté à Marseille par ordre du comité de salut public, il est transféré et enfermé à la Conciergerie le 2 janvier 1794.
Rendu à la liberté après la journée du 9 thermidor, il se voit confier par le gouvernement le commandement d'un corps d'observation en Normandie, destiné à soutenir l'armée du général Hoche dans l'Ouest. Destitué peu après, il proteste énergiquement contre cet acte, est réintégré dans son grade, et défend la Convention au 13 vendémiaire an IV (octobre 1795).
Le Premier Consul le nomme en 1801, l'un des administrateurs de la Loterie Nationale, et lui confie en 1804, l'administration provisoire de la principauté de Piombino.
Rentré en France en 1805, il obtient de l'Empereur une pension de retraite, et vécut dès lors entièrement éloigné des affaires.
Il meurt à Paris le 12 avril 1813.

In : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Carteaux