peintre, art, artiste, Franche-Comté

Étienne-Charles Pointurier

(1809-1853)


Etienne-Charles Pointurier est né à Dole le 3 juillet 1809. Les témoins choisis pour l'acte de naissance ne sont autres qu'un imprimeur, Edme Marie Dargent, et un relieur de livres, Claude Rupfer !

Après un séjour à Paris que nous évoquerons plus loin, Etienne-Charles remporte en mai 1833 le concours de dessin organisé par la Ville d'Arbois pour remplacer le sculpteur Victor Huguenin, professeur de dessin, démissionnaire. Il s'installe donc à Arbois où il résidera jusqu'à son décès prématuré le 8 décembre 1853.


Si l'arrivée à Arbois d'Etienne-Charles Pointurier met un terme à ses ambitions parisiennes, elle ne signe pas pour autant la fin de son activité artistique, lithographique notamment. Il semble intégrer l'imprimerie Javel d'Arbois. Le 24 septembre 1834 il reprend le brevet de lithographe d'Auguste Javel, démissionnaire1. En juillet 1838, la commune des Planches-près-Arbois l'autorise d'ailleurs à exploiter une carrière de pierre lithographique (pour une durée de 18 ans). Son activité semble alors florissante puisque son contrat de mariage avec Justine Rousset du 23 février 18402 estime ses biens mobiliers (meubles, tableaux, presses et autres) à 10 000 francs. Il laisse d'ailleurs derrière lui une série assez conséquente de portraits et de paysages franc-comtois. Au Salon de 1833, il présente une lithographie de Sainte Geneviève, d'après le tableau original de Valdahon3. Charles Weiss vante d'ailleurs cette œuvre dans son journal le 9 mai 1833 : « Il réussit surtout dans la lithographie; il en a exposé une au Salon de cette année qui lui a mérité les éloges de tous les membres du jury »4.

Mais son activité semble décliner par la suite puisqu'en 1843, il vend son matériel (une presse lithographique, une presse à rogner, 3 grandes pierres et 3 moyennes) pour 750 F à Désiré-Achille Mouchot, qui ne demandera finalement jamais le brevet nécessaire pour exploiter ce matériel. Il sera ensuite racheté en 1848 par Auguste Javel lui-même. Mais ce dernier, réfugié en Suisse suite aux arrestations de janvier 18525, laissera ce matériel à son épouse Marie Perrard-Javel qui, profitant de la mort d'Etienne-Charles Pointurier, reprendra le brevet de lithographe à son nom en 18546.

Entre 1843 et 1853 Etienne-Charles n'a pas dû cesser son activité lithographique pour autant puisque son inventaire après décès7 fait mention d'une presse à rogner et d'une pierre lithographique dans son atelier mis à disposition par la Ville d'Arbois.

Justine Sève, conservatrice du musée Sarret de Grozon à Arbois
in : Pointurier Père et fils, artistes & B∴C∴C∴8 au XIXe siècle,
catalogue de l'exposition qui a été consacrée à ce peintre en 2017 au musée
Sarret de Grozon à Arbois et au musée des beaux-arts de Lons-le-Saunier.



1) Archives municipales d'Arbois : ACA 162 (correspondance générale).

2) Archives Du Jura (ADJ) : 4E20/406

3) Le tableau original est conservé en collection particulière.

4) Bibliothèque municipale de Besançon : Ms 1753 et 1754

5) Claude-Barthélémy fut également arrêté en janvier 1852 et incarcéré au Fort Saint-André à Salins-les-Bains.

6) Archives Nationales F18 1950 et archives municipales d'Arbois ACA 165

7) ADJ : 4E31/573

8) B∴C∴C∴ : Les Bons Cousins Charbonniers sont une société secrète d'entraide qui semble avoir des origines très anciennes. Cette "association" d'entraide est faite, semble-t-il, pour répondre aux difficultés de la vie en milieu forestier.
Pour approfondir le sujet se repporter à l'article de Maxime Ferroli dans le catalogue d'exposition consacré aux Pointurier (musée Sarret de Grozon, Arbois) et à l'ouvrage de Pierre Merlin : Bons cousins charbonniers, autour dun catéchisme de la "société secrète", 1835, Éditions de Folklore comtois, Nancray, 2005, 239p. [Note : De Artibus Sequanis].



• Remerciements à Justine Sève, conservatrice au musée Sarret de Grozon à Arbois, pour la mise à notre disposition de plusieurs catalogues qui nous ont permis d'enrichir très sensiblement cette entrée.